Dans la série Cervidés présente… nous rencontrons certains de nos clients et collaborateurs afin de mettre de l’avant leur parcours, leur expertise dans la création de contenu et leur vision de l’industrie agroalimentaire québécoise.
Pour notre deuxième entrevue, nous nous entretenons avec Guillaume Mathieu, stratège de marque, et Amélie Leclerc, gestionnaire de marque, tous deux associés cofondateurs d’ILOT, une agence de stratégie marketing et de gestion de marque qui travaille à faire briller les entreprises agroalimentaire québécoises.
Comment êtes-vous arrivés à travailler dans le milieu agroalimentaire d’ici?
Guillaume : Quand Amélie et moi travaillions en agence, l’agroalimentaire était déjà quelque chose de très central dans nos vies respectives. Avant même que l’achat local devienne à la mode et que notre cher premier ministre nous invite à acheter local, c’était déjà un style de vie pour nous. Lorsque nous avons décidé de développer un projet entrepreneurial, nous voulions aider les joueurs de l’industrie agroalimentaire québécoise à développer des marques plus performantes et pertinentes dans une optique de contribuer à élever cette industrie. Pour moi, l’agroalimentaire c’est un élément qui définit notre identité en tant que Québécois. La nourriture est la meilleure façon de s’ouvrir à l’autre et de montrer qui on est. C’est un élément qui a toujours été très fort dans ma vie et je peux aujourd’hui l’exprimer dans une entreprise comme ILOT.
Amélie : L’agroalimentaire, c’est une passion que j’ai depuis que je suis toute petite. Mon père a œuvré toute sa vie dans le domaine de la boulangerie. Il m’amenait même au Salon International de l’Alimentation (SIAL) de Montréal et m’a transmis sa passion pour l’agroalimentaire très jeune. En grandissant, j’étais portée par l’envie d’encourager les entreprises d’ici. Ça a bouclé la boucle de mon amour pour le domaine agroalimentaire.
Qu’est-ce qui vous rend les plus fiers dans votre travail?
Amélie : C’est de faire une réelle différence et d’avoir des résultats concrets auprès des clients et des partenaires qu’on accompagne. Notre plus belle paie c’est quand nous avons des retombées positives sur les résultats d’affaires d’une entreprise et qu’on nous dit que nous avons réussi à changer leur vie. Étant donné que plusieurs de nos clients voient leurs entreprises comme leur bébé, lorsque nous travaillons ensemble, nous développons des relations de confiance très proches. Certains deviennent même des amis, alors quand nous réussissons à avoir un impact auprès de ces gens-là, ça nous rend d’autant plus fiers. Les résultats financiers que nous générons en accompagnant des partenaires vers une communication plus performante ont doublé, voire quadruplé dans certaines productions. C’est pour ça qu’on fait ça dans la vie.
Guillaume : Oui, en plus ça leur permet d’embaucher plus de gens et d’investir davantage dans l’innovation. Ce qui contribue à notre mission première qui est d’élever l’industrie agroalimentaire. Plus on bâtit des marques fortes, plus l’agroalimentaire d’ici se porte mieux.
Amélie : Au Québec, nous sommes très humbles dans notre façon de représenter notre industrie agroalimentaire alors que nous avons des marques qui pourraient prendre plus de place à l’international. Je trouve qu’il y a un moyen de se démarquer davantage et c’est ça que nous faisons à ILOT, on aide les marques à mieux se positionner dans le paysage agroalimentaire. Nous pourrions être un peu plus chauvins, parce qu’on n’a rien à envier à l’international.
Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre travail?
Guillaume : L’agroalimentaire est une passion en soi, mais j’ai aussi envie de parler des entrepreneurs. C’est un peu comme ce que vous faites avec le magazine Caribou, nous aimons raconter les histoires des gens derrière ces produits-là. Les fondateurs et les artisans forment une scène culinaire au Québec très riche et diversifiée. À ILOT nous travaillons avec des producteurs artisanaux et des entreprises d’envergure nationales. C’est une passion en soi de réussir à créer des ponts entre ces organisations-là. Dans la même journée, nous pouvons être en contact avec des gens d’Exceldor pour certains projets et ensuite nous allons travailler avec des producteurs de petits fruits, pour un autre projet. Ce sont deux extrêmes dans le chiffre d’affaires, mais la passion est toute aussi présente dans une rencontre que dans l’autre.
Amélie : L’humain est super important pour nous et c’est pour ça que nous aimons faire du travail de terrain. Nous pouvons être une semaine à Matane pour rencontrer un client et l’autre semaine à Ferme-Neuve pour un autre. Nous avons la capacité d’aller à la rencontre et de développer des relations avec notre clientèle, c’est ça qui fait la beauté de notre modèle d’affaires et de notre approche. Premièrement, ça fait que nous sommes capables de faire une meilleure job, mais aussi de faire du maillage dans le réseau établi, directement sur place. Nous ciblons les opportunités présentes et nous les mettons en contact. Nous adorons faire ça chez ILOT.
Qu’est-ce que du bon contenu, selon vous?
Amélie : Du bon contenu agroalimentaire, ça doit respecter l’histoire d’une marque et l’ADN de ses fondateurs. Faire du bon contenu ça va au-delà de vendre un produit, il faut vendre une expérience, une saveur, une histoire. C’est ça qui fait la différence entre du bon et du mauvais contenu.
Si vous deviez choisir LA personne du milieu qui vous inspire le plus, ça serait qui et pourquoi?
Guillaume : J’ai envie de dire que c’est chacun des entrepreneurs avec qui nous travaillons. Que ce soit des producteurs artisanaux, des entreprises à plus gros volume ou même des instances gouvernementales, ils bâtissent des entreprises basées sur la passion en premier lieu et c’est inspirant à voir. Par exemple, nous travaillons avec le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants. Ils font un travail colossal et nécessaire dans notre industrie. Nous avons la chance d’accompagner la cheffe Colombe Saint-Pierre qui représente la passion incarnée. C’est difficile de sortir d’une rencontre avec elle et de ne pas être complètement bouleversé et d’avoir envie de se battre encore plus fort pour notre culture culinaire. Impossible de n’en nommer qu’un seul, mais si tu veux, je peux te donner tous leurs prénoms! J’ai envie de dire que n’importe quelle personne dans le domaine agroalimentaire aujourd’hui est une source d’inspiration.
Quelle est votre dernière découverte gourmande d’ici?
Amélie : Sur la scène locale, on a eu de beaux coups de cœur cette année. Tu peux nous citer les deux là-dessus. Le croque pétoncle du restaurant Vin mon Lapin, à Montréal, est particulièrement extraordinaire. Et à Québec, on a eu la chance de goûter le flétan au beurre de mélilot du Arvis et c’était incroyable.
Guillaume : Si on parle d’expérience plus accessible, je dirais les bourgots en conserve de Chasse-Marée! C’est un produit qui devrait se retrouver sur toutes les tables pour le temps des fêtes cette année. À trouver dans toute bonne poissonnerie.
Vous vous tenez au courant des grandes tendances alimentaires mondiales. Quelles sont selon vous les grandes tendances à surveiller pour 2023?
Guillaume : Présentement, nous vivons une tempête inédite dans le monde agroalimentaire post-covid. Une crise climatique, une crise économique et une crise qu’on appelle chez nous identitaire. Ce que nous voulons dire par là c’est que le consommateur actuellement est déchiré entre ses besoins personnels et la conscience de faire une différence dans la société. Donc, ce que nous allons voir l’an prochain, ce sont des réponses à ces trois grandes crises. Au niveau de la crise climatique, nous avons vu au SIAL Paris en octobre dernier que les protéines alternatives sont partout. Que ce soit du foie gras végétal ou du steak végétal, on a tout vu! Les alternatives laitières aussi sont très présentes. Les producteurs proposent des solutions pour sauver la planète. Il y a des plans de transition, des plans de carboneutralité, des plans d’agriculture régénérative, des plans de traçabilité. Tous ces termes étaient normalisés au SIAL Paris cette année. Les gens sont en mode engagement en ce moment et nous avons hâte qu’ils passent à l’action.
Sinon, nous avons aussi vu apparaître au SIAL des technologies qui permettent aux gens d’avoir une alimentation personnalisée. Pour répondre à la crise économique et à l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre, les robots font leur entrée pour faire du pain ou pour être barista. Cela permet aux travailleurs de se concentrer sur des services qui ont des valeurs ajoutées et de laisser les consommateurs personnaliser leurs commandes en entrant en lien avec le robot.
Comment voyez-vous l'avenir de l’agroalimentaire au Québec?
Guillaume : J’ai envie de dire que ça nous prend plus de fierté! De percevoir l’agroalimentaire comme un vecteur culturel hyper important de notre identité et par rapport au monde. Il faut arrêter de traiter l’agroalimentaire uniquement avec des lunettes économiques, mais aussi avec des lunettes culturelles, ça sera bon pour tout le monde.
Amélie : Il serait également bien d’arrêter de travailler en silo. On a tous le même objectif! Si on était capable d’avoir toutes les différentes instances agroalimentaires qui travaillent ensemble plutôt qu’en sous-segments, je pense que l’industrie s’en porterait mieux et serait plus forte tout simplement.
Crédit photo : Virginie Gosselin