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Cervidés présente… Diane Leblanc des Marchés publics de Montréal

Dans la série Cervidés présente… nous rencontrons certains de nos clients et collaborateurs afin de mettre de l’avant leur parcours, leur expertise dans la création de contenu et leur vision de l’industrie agroalimentaire québécoise.

Pour notre quatrième entrevue, nous nous entretenons avec Diane Leblanc, l’énergique directrice communication-marketing des Marchés publics de Montréal (MPM).  

Comment êtes-vous arrivée à travailler dans le milieu agroalimentaire d’ici?

C’est un coup de foudre que j’ai eu il y a très longtemps. D’ailleurs, c’est inscrit comme ça sur ma page LinkedIn : «Si je n’avais pas été publicitaire, j’aurais été boulangère.» J’ai toujours adoré ce milieu. Il y a quelques années, j’ai passé plusieurs jours dans un petit village des Pyrénées, en France, et je voyais tous les habitants qui passaient deux fois par jour à la boulangerie : le matin pour chercher les croissants et le soir pour chercher du pain avec les enfants et je trouvais ça formidable. Je trouvais la boulangère tellement chanceuse de voir toutes ces personnes deux fois par jour. Elle était au courant de tout, c’est sûr! Une boulangerie, c’est un milieu très rassembleur. Je suis finalement devenue publicitaire, mais je suis certaine que cette expérience m’a rendue meilleure à exercer mon métier. Car j’avais cette envie d’être en lien avec des personnes au quotidien, comme la boulangère. La publicité offre cette possibilité au grand public.

Je suis designer graphique de formation. J’ai été directrice artistique en publicité pendant 25 ans. J’ai eu la chance de promouvoir des marques que j’aimais beaucoup pendant 15 ans chez Cossette, dont des marques en alimentation. J’ai toujours trouvé que c’était un très grand privilège de faire ce métier. Travailler avec un média de masse nous permet de rentrer chez les gens… comme le pain et la brioche. 

Après, j’ai fait le saut en culture en allant travailler à Québec Cinéma, c’était tout un nouveau monde! J’y ai rencontré des personnes passionnées qui portent les œuvres qu’on regarde. Ces scénaristes, réalisateurs et producteurs consacrent parfois 10 ans de leurs vies à produire un film! Je me sentais très privilégiée de pouvoir mettre mon expertise au service de leurs œuvres. Étant donné que j’aime travailler en équipe, le cinéma était un milieu dans lequel je me sentais bien parce qu’aucune œuvre ne se crée et ne se promeut toute seule. J’ai ensuite eu l’offre des Marchés publics de Montréal et je n’ai pas pu la refuser.

J’ai acheté ma maison à deux pas du marché Jean-Talon il y a plus de 20 ans parce que je voulais vivre à côté de ce lieu authentique. J’ai donc décidé d’accepter l’offre des Marchés publics, trois semaines avant la pandémie! Évidemment, toutes les ambitions que j’avais ont été mises sur la glace, momentanément. Encore une fois, je suis dans le quotidien des gens. Je continue à faire de la communication pour un produit culturel, car la bouffe c’est culturel! Je retrouve les passionnés du cinéma dans les producteurs du marché. Ils ont la même connexion avec l’humain derrière le produit. Je me dis que la boucle est bouclée avec mon trip de boulangère. 

Qu’est-ce qui vous rend la plus fière dans votre travail?

Quand le marché est plein de monde! Quand les marchands arrivent au marché, ils nous font un cadeau. Ils nous offrent leur production et leur savoir-faire, alors, quand ils me disent que ça a été une bonne fin de semaine ou une bonne journée, je suis contente que leur travail soit salué. Comme j’habite à côté du marché Jean-Talon, j’y vais même le week-end et quand je vois toute sorte de monde jouir de ce lieu et ramener un bout du marché chez eux, ça me rend très fière. On a vraiment un rôle de curateur, on veut faire découvrir des saveurs et des produits à une nouvelle clientèle en organisant différentes activités.

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre travail?

Ce qui me passionne le plus dans mon travail c’est de mettre de l’avant le savoir-faire des producteurs et artisans. Les Portraits de familles qu’on fait avec vous [Cervidés], ça répond à cette mission. C’est du contenu poussé, qui nous permet de découvrir l’histoire des gens derrière le produit. C’est quand même des textes étoffés qu’on produit ensemble, on prend vraiment le temps de leur parler alors quand on va au marché, on a encore plus envie de discuter avec eux.

Je me rappelle d’une fois où j’ai été émue en lavant mes épinards parce que je savais exactement qui les avait fait pousser, que ce producteur aimait son métier et qu’il passait la main à son fils. J’avais visité leur ferme pour faire un Portrait de famille, et tout ça prenait son sens. 

Les producteurs, je les trouve impressionnants. Ils sont aux champs, ils s’adaptent aux changements climatiques, aux nouvelles réglementations et aux nouveaux besoins des consommateurs qui changent à une vitesse grand V, ils viennent vendre leurs produits au marché, ils doivent avoir une page Facebook, ils font vraiment tout! En ce moment, on voit la relève qui décide de continuer, en sachant que c’est un métier difficile, c’est magnifique. Je suis fière de voir que le soutien qu’on apporte à la relève nous permet d’en avoir une. Je trouve qu’il y a de plus en plus une belle conscientisation autour des défis d’être un petit producteur, comme la difficulté d’acquérir des terres, le manque de personnel, et j’en passe. Il n’y a aucun autre emploi où la météo à un si grand impact sur ta vie. Tout ça pour dire qu’avoir la chance de mettre en lumière le travail acharné des producteurs, le transmettre à la clientèle des marchés, ça me passionne. 

Qu’est-ce que du bon contenu, selon vous?

Un contenu qui va nous toucher et nous interpeller! Nous sommes tellement bombardés par de l’information, qu’il faut que le contenu nous apprenne quelque chose et qu’il nous fasse vibrer.

Quelle organisation vous inspire dans le contenu qu’elle produit et/ou qu’elle partage?

Je ne sais pas si je pourrais choisir une organisation, mais je dirais plutôt les femmes qui ont conservé notre patrimoine culinaire! Quand les femmes faisaient des livres de recettes à l’époque, c’était le début du contenu! Grâce à elles, nos recettes et notre patrimoine culinaire ne sont pas tombés dans l’oubli. Je nommerais Jehane Benoît, Soeur Angèle, Elena Faita et Josée di Stasio. Ce sont des pionnières qui ont eu le courage de prendre le micro et de communiquer ce savoir parce qu’elles savaient que c’était important.. J’ai moi-même fait un livre de recettes que j’ai imprimé en 2 exemplaires pour l’offrir à mes enfants, pour ne pas qu’ils oublient les recettes de leur mère. C’est un beau leg, je trouve.

Si vous deviez choisir LA personne du milieu qui vous inspire le plus, ça serait qui et pourquoi?

Je dirais le fondateur de La Tablée des Chefs, Jean-François Archambault. Il a réussi à greffer un impact social au métier de chef et je trouve ça formidable. 

J’admire aussi Colombe St-Pierre parce qu’elle avait le discours de la valorisation de notre patrimoine culinaire avant tout le monde. Je l’ai rencontrée à son restaurant lors de la pandémie et elle me disait : “ENFIN, ils m’écoutent plus!” Il était temps effectivement. 

Quelle est votre dernière découverte gourmande d’ici?

L’année passée, j’ai découvert l’oursin que je n’avais jamais vraiment apprécié, quelle erreur! Je dirais aussi l’ail sous toutes ses formes et nous avons tellement de variétés  différentes: l’ail d’été, l’ail d’hiver, la fleur d’ail, le riz d’ail. Il y a bel et bien un intérêt parce que les producteurs en cultivent de plus en plus! Ah! L’ail noir aussi! C’est délicieux! 

Comment voyez-vous l'avenir de l’agroalimentaire au Québec?

L’alimentation locale est à la mode et ça va continuer, je pense. Je trouve par contre qu’on met beaucoup de pression sur le consommateur, on fait des campagnes là-dessus, on transforme les produits d’ici en marketing un peu abusif, c’est rendu que tu te sens cheap quand tu achètes un produit d’ailleurs. Je trouve qu’on prend ça à l’envers. Afin de pouvoir prendre soin de notre système  agroalimentaire, il faudrait inverser les choses. Nous pourrions étendre les programmes d’aide pour la recherche et développement des moyens de production incluant l’agriculture urbaine afin d’avoir une plus grande accessibilité aux produits frais d’ici. 

Il faut soutenir la relève, les faire connaître, comme Les Lauriers de la Gastronomie et Caribou le font. Toutes ces initiatives sont nichées, il faut ouvrir au grand public et soutenir le développement de notre culture et de nos produits. Le programme des Kiosques de la Relève lancé dans nos 3 grands marchés me tient particulièrement à cœur. Quand je jase avec ces jeunes producteurs et productrices, je les trouve beaux, bons et courageux dans leurs choix de vie! Le milieu change et il faut soutenir toutes les initiatives qui nous permettent de manger des aliments d’ici et il ne faut pas oublier le pouvoir de la communication et de son impact! 

Crédit photo : Prune Paycha

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